Du manifeste de Ventotene à l’association Femmes pour l’Europe

« Militants antifascistes et pionniers du fédéralisme européen, Altiero Spinelli et Ursula Hirschmann ont marqué l’histoire de la construction européenne et de ses institutions. Du « Manifeste de Ventotene » à l’association « Femmes pour l’Europe », ils ont porté l’idée d’une Europe unie et démocratique.

1941, île de Ventotene au large de Naples. Dans ce centre de détention sont confinés plusieurs centaines d’opposants au fascisme. Altiero Spinelli est l’un d’eux. Cela fait quatorze ans que le jeune militant communiste est privé de liberté à cause de son engagement dans la résistance. Parmi les détenus, il y a aussi Ernesto Rossi, puis Eugenio Colorni. Les trois militants, nourris de littérature sur l’histoire des États-Unis et de sa Constitution, vont rédiger un texte fondateur pour les idées européennes : le « Manifeste pour une Europe libre et unie » aussi appelé « Manifeste de Ventotene ». Pour les auteurs, l’État-nation est à l’origine de la montée des totalitarismes et des guerres en Europe. Ils proposent la construction d’une Europe fédérale dotée d’une Constitution : les États-Unis d’Europe.

Ursula Hirschmann, militante allemande opposante au nazisme et au fascisme, femme d’Eugenio Colorni, va jouer un rôle fondamental dans la diffusion du manifeste en Europe. Elle épouse Altiero Spinelli quelques années plus tard et participe avec lui à la diffusion des idées fédéralistes européennes : à travers la création du Movimento Federalista Europeo, le Mouvement fédéraliste européen, en 1943 et l’organisation du premier congrès fédéraliste international à Paris en 1945.

Au début des années 1950, Altiero Spinelli joue un rôle majeur dans le projet de Communauté européenne de défense (CED). Il souligne la nécessité qu’elle s’accompagne d’une Communauté politique européenne afin de garantir un contrôle démocratique. L’Assemblée constituante européenne rêvée par Altiero Spinelli ne voit pourtant pas le jour, alors que l’Assemblée nationale française refuse en 1954 de ratifier le projet. Malgré de nombreuses déceptions, l’homme politique s’engage de nouveau en 1970 dans les institutions européennes comme commissaire européen, puis en 1976 comme députée européen.

Ursula Hirschmann de son côté s’engage dans la lutte féministe. En 1975, elle crée l’association « Femmes pour l’Europe » afin que la défense des droits des femmes devienne aussi une préoccupation de la Communauté européenne. À la fin de sa vie, Altiero Spinelli réussit à faire voter par le Parlement européen son projet de Traité d’Union européenne qui propose une refonte institutionnelle majeure pour renforcer les pouvoirs du Parlement européen. Si c’est finalement l’Acte Unique qui a été mis en œuvre, le projet d’Altiero Spinelli a inspiré le traité de Maastricht et celui de Lisbonne.

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-cours-de-l-histoire/ursula-hirschmann-et-altiero-spinelli-penser-le-federalisme-europeen-2657073

Avec

Andrew Glencross Directeur de l’École Européenne de Sciences Politiques et Sociales, et professeur en science politique à l’Institut Catholique de Lille

Araceli Turmo Maîtresse de conférences en droit à Nantes Université, spécialisée en droit de l’Union européenne »

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Non à la CED

« Alors que 4 des 6 pays ratifient la CED entre mars 1953, pour la RFA, et avril 1954 au Luxembourg, la querelle entre cédistes et anticédistes s’amplifie en France, à tel point que l’Italie suspend sa ratification, en attendant le résultat de la ratification française. Face à la pression populaire, les majorités cédistes qui font les gouvernements étaient de plus en plus fragiles. En décembre 1952, le MRP renverse même le gouvernement Pinay, qui retarde la ratification du traité. Pour les deux présidents du Conseil qui suivent, René Mayer et Joseph Laniel, « oublier » la ratification du traité semblait être leur seule garantie de survie. René Mayer est d’ailleurs renversé, par les gaullistes, parce qu’il pense ouvrir le débat sur la ratification. La Quatrième République est paralysée par ce débat, qu’aucun chef de gouvernement ne semble pouvoir affronter. Pierre Mendès France, président du Conseil à partir du 18 juin 1954, essaye en vain, lors de la conférence de Bruxelles (19 au 22 août 1954), de négocier un nouveau protocole modificatif du traité de la CED. Les autres États, notamment ceux qui ont déjà ratifié le traité, refusent cette proposition française. Le chef du gouvernement français parla alors d’humiliation infligée à la France. Pierre Mendès France décide alors de « sortir le cadavre du placard », et ouvre enfin le débat de ratification à l’Assemblée nationale, le 29 août 1954. Plusieurs commissions de l’Assemblée nationale avaient déjà émis des rapports défavorables au traité, l’armée française multiplie les échecs en Indochine : le président du Conseil se garde bien de jouer là l’avenir de son fragile gouvernement de coalition sur une proposition impopulaire et ne pose pas la question de confiance. Le gouvernement de Pierre Mendès France est lui-même divisé sur la question : trois ministres gaullistes, Jacques Chaban-Delmas, Maurice Lemaire et le général Kœnig, démissionnent pour ne pas voter le traité ; leur collègue Christian Fouchet évite de les suivre car il doit gérer la crise tunisienne mais les approuve. François Mitterrand, ministre de l’Intérieur, bien que moins engagé pour l’armée européenne que René Pleven, son ancien chef de parti à l’UDSR, vote pour. Les autres ministres, généralement favorables au traité, votent pour tout en formulant des réserves sur les modifications que Pierre Mendès France voudrait y apporter

Le vote du 30 août 1954 écarte définitivement la CED sans débat de fond, puisque les anticédistes proposent le vote d’une question préalable, posée par le général Adolphe Aumeran36,37, adoptée par 319 voix contre 264. Parmi ces 319 voix, on comptabilise les députés communistes et gaullistes, une partie des socialistes (53 députés sur 105), la moitié aussi des radicaux (34 députés sur 67) ou de l’UDSR (10 députés sur 18), mais aussi 9 députés MRP ou apparentés. Ce rejet entraîne également l’échec du projet de communauté politique européenne, qui lui avait été associé. Les démocrates-chrétiens ne pardonnent pas à Pierre Mendès France, ce qu’ils appellent le « crime du 30 août ». Dès le lendemain du vote, la SFIO exclut trois parlementaires, qui ont voté la question préalable, Daniel Mayer, Jules Moch et Max Lejeune. André Monteil, Léo Hamon et Henri Bouret sont à leur tour exclus du MRP, le 2 septembre 1954, pour le même motif.»

Non au TCE

« En France, de nombreuses personnalités et organisations ont appelé à voter contre le Traité établissant une Constitution pour l’Europe (TCE) lors du referendum de 2005.

Quelques exemples :

Partis politiques :

•             Parti communiste français (PCF)

•             Lutte ouvrière (LO)

•             Mouvement pour la France (MPF)

•             Parti socialiste (PS) : Le PS était divisé sur la question du TCE. La direction du parti, sous la houlette de François Hollande, était favorable au traité, tandis qu’une aile gauche, menée par Laurent Fabius, s’y opposait.

Syndicats :

•             Confédération générale du travail (CGT)

•             Force ouvrière (FO)

Mouvements sociaux :

•             Attac

•             Coordination nationale des comités anti-CPE (coordination, née de la contestation du Contrat première embauche)

Personnalités :

•             Jean-Pierre Chevènement

•             Olivier Besancenot

•             José Bové

Le TCE a finalement été rejeté par les Français lors du referendum du 29 mai 2005, avec 54,68% des voix contre.»

Wikipédia

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